Par Dr Alex Mlynarek MD, MSc, FRCSC

Selon l'Organisation mondiale de la Santé, le cancer de la cavité buccale est parmi les plus répandus dans le monde entier. On estime que 650 000 nouveaux cas de cancer de la bouche sont diagnostiqués chaque année. Le taux de mortalité pour le cancer buccal est plus élevé que le cancer du col, le lymphome, le cancer de la thyroïde, ou le mélanome.

Il existe plusieurs types de cancers de la bouche, mais environ 90 % sont des carcinomes épidermoïdes originant des tissus qui tapissent la bouche et les lèvres. Le cancer buccal implique le plus souvent la langue, mais il peut également se produire sur le plancher de la bouche, la face interne de la joue, la gencive ou les lèvres.

Il est important de noter que la majorité des cancers de la bouche sont liés à des comportements modifiables tels que le tabagisme et la consommation importante d'alcool. Les autres facteurs comprennent une mauvaise hygiène bucco-dentaire, l'irritation causée par les prothèses dentaires mal ajustées, une mauvaise alimentation et certaines infections buccales et dentaires chroniques. L'infection par le virus du papillome humain (VPH), en particulier le type 16, est un facteur de risque connu.

La plupart des cancers se présentent par une masse ou un ulcère qui peut se manifester par des douleurs, des saignements ou des problèmes de déglutition ou de la parole. Toute lésion suspecte de la cavité buccale nécessite une biopsie afin de diagnostiquer rapidement un éventuel cancer. Par la suite, une évaluation clinique complète de la région de la tête et du cou, incluant une scopie flexible des voies aérodigestives supérieures et un examen des aires ganglionnaires cervicales, doit être entreprise par un médecin spécialiste en otorhinolaryngologie.  Différentes radiographies sont souvent nécessaires afin d'évaluer l'étendue de la tumeur et éliminer les métastases (principalement au poumon ou au foie). Un système de classification (dit TNM) est utilisé pour stratifier les cancers de la bouche et fournir un pronostic approximatif et guider le traitement.

Si le cancer buccal est diagnostiqué à un stade précoce, le traitement est généralement très efficace. L'excision chirurgicale de la tumeur est le traitement de choix pour les cancers de la cavité buccale. L'ablation des ganglions du cou (évidement ganglionnaire ou dissection du cou) est souvent réalisée afin d'éliminer toute métastase lymphatique. La radiothérapie, avec ou sans chimiothérapie, est parfois utile.

En raison de la nature essentielle des structures de la cavité buccale, la chirurgie pour les cancers doit être suivie d'une reconstruction appropriée afin de préserver la fonction et l'apparence esthétique du patient. Plusieurs lambeaux sont disponibles afin de reconstruire les structures enlevées pendant l'excision du cancer.

Les taux de survie pour le cancer oral dépendent entre autres du site précis et du stade du cancer au moment du diagnostic. Dans l'ensemble, les études récentes démontrent que la survie est d'environ 57 % à cinq ans. Les taux de survie pour les cancers de stade 1 (ou peu avancés) sont toutefois de l'ordre de 90 %, d'où l'importance d'une détection précoce.

 

Le traitement des cancers de la bouche nécessite une équipe multidisciplinaire qui regroupe des spécialistes de plusieurs disciplines notamment la chirurgie ORL, la radio oncologie, l'oncologie médicale, la nutrition, l'orthophonie, les soins infirmiers, la radiologie et la psychologie.

Si vous êtes inquiet au sujet d'une lésion buccale suspecte, n'hésitez pas à référer le patient à un spécialiste ORL de votre région.