Dire que la nouvelle ministre de la Santé et des Services sociaux a du pain sur la planche est un euphémisme. Pourtant, Danielle McCann semble embrasser ce nouveau défi avec optimisme
Le cynisme ambiant est perceptible lorsqu’on parle de notre système de santé, comment restez-vous positive face au travail qui vous attend?
On a une obligation morale et sociale pour que notre population ait les soins et services auxquels elle a droit. C’est une obligation partagée avec l’ensemble des acteurs. On doit s’occuper du personnel soignant pour qu’il puisse bien s’occuper des patients, c’est la base de nos orientations comme gouvernement.
Quel est votre dossier numéro un?
J’en ai deux. Tout d’abord, augmenter l’accès aux services de première ligne à la population. 500 000 personnes attendent présentement au guichet d’accès. On a pris des engagements comme gouvernement; donner accès à tous à l’intérieur de notre mandat de quatre ans. Quand on est malade, il faut aussi pouvoir consulter d’ici 36 heures. Ces mesures auront un impact sur l’urgence. On ne devrait pas attendre plus 90 minutes en ambulatoire. Quand on est entré dans le système, les soins et les services sont excellents. C’est ce qu’on a l’intention de faire.
Ma deuxième préoccupation est l’ensemble du personnel du réseau. On doit travailler à améliorer leurs conditions de pratique, particulièrement les infirmières et les infirmières auxiliaires. On veut vraiment abolir à terme le temps supplémentaire obligatoire. Les infirmières retraitées de 60 ans et plus qui ont quitté le réseau sont invitées à venir prêter main-forte aux collègues. On a instauré un crédit d’impôt, certaines sont revenues. Je vais demander le portrait global. Les établissements bâtissent également un plan d’action sur le rehaussement des postes. On souhaite que le personnel soit heureux de travailler dans le réseau de la santé.
Vous avez fait une visite surprise dans un établissement de la santé, préconisez-vous cette approche?
C’est important de faire la tournée des régions et d’aller sur les lieux. On apprend tellement de choses. Ma tournée m’a éclairée concrètement sur le rôle crucial des services de proximité. Cela a validé notre orientation. Il faut reconstruire des équipes avec des gestionnaires sur place, qui comprennent la réalité des gens sur le terrain.
Votre vision de l’approche multidisciplinaire?
C’est essentiel pour aller encore plus loin. L’un des piliers de l’accès aux soins passe par le déploiement complet des compétences des gens du réseau (ex : infirmières spécialisées, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés, pharmaciens, kinésio- logues...). Tous jouent un rôle, il y a une ouverture. Il y a un travail conjoint important avec la Fédération des médecins omnipraticiens. Nous commençons aussi les travaux de changement du mode de rémunération. On se dirige vers la capitation, mode de rémunération mixte qui permet de déléguer aux autres professionnels. On veut que les médecins puissent pratiquer une médecine moderne, utiliser davantage téléphone et Internet. Au Nouveau- Brunswick, la moitié des actes est fait de cette manière. Actuellement le mode de rémunération n’est pas adapté à cette pratique.
La ministre McCann a laissé sa trace comme gestionnaire de haut niveau. Avec un agenda aussi ambitieux, il sera intéressant de suivre ses réalisations.