Le point sur le cancer de la prostate


Par Fred Saad MD FRCS

Chef du service d'urologie

CHUM

Professeur Titulaire

de Chirurgie Titulaire de la Chaire en Cancer de la Prostate Université de Montréal

« Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez l'homme au Canada et le troisième en importance en ce qui a trait à la mortalité. »

Le cancer de la prostate est un sujet d'actualité. Depuis les cinq dernières années, il y a eu plusieurs avancées en recherche sur ce cancer. Le Dr Fred Saad, une référence en la matière, fait le point sur le cancer de la prostate.

Divers aspects du cancer de la prostate seront abordés de façon concise dans cet article, dont sa fréquence et ses causes, les actions pour le détecter et l'éviter, les traitements actuels et les développements en recherche.

Le Dr Saad est professeur titulaire de chirurgie et titulaire de la chaire en cancer de la prostate à l'Université de Montréal. Il est également chef du service d'urologie et directeur de l'oncologie urologique au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Il est aussi co-auteur du livre intitulé Le cancer de la prostate.

QUELQUES STATISTIQUES

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez l'homme au Canada et le troisième en importance en ce qui a trait à la mortalité.

On associe généralement le cancer de la prostate à des hommes âgés : le vieillissement est ainsi le facteur de risque le plus important. Les hommes vivant de plus en plus longtemps, le cancer de la prostate est devenu la forme de cancer la plus répandue au Canada. « Toutefois, souligne le Dr Saad, de plus en plus d'hommes dans la cinquantaine reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate. »

On estime qu'il y a 25 000 nouveaux cas par année au Canada. Environ 4 000 décès surviennent annuellement, dont le quart au Québec. Le CHUM traite le plus grand nombre de cancers avancés dans la province, ce qui en fait le plus grand centre en cancer de la prostate en termes de diagnostic et de traitement.

À QUOI ATTRIBUE-T-ON CE CANCER?

Le principal facteur prédisposant du cancer de la prostate semble être lié à l'hérédité, tout comme le cancer du sein. Plus on retrouve ce cancer au c?ur des antécédents familiaux, plus il y a de chances de le développer.

On estime qu'environ 10-20 % des patients sont por- teurs d'un facteur génétique, ce qui fait en sorte qu'ils sont plus à risque, ainsi que leurs enfants, de développer ce cancer. Les équipes de recherche travaillent assidument afin d'identifier un gène aussi marquant que celui du cancer du sein (BRCA) afin d'améliorer le dépistage et l'efficacité des traitements.

Les autres éléments ayant une incidence sur le développement du cancer de la prostate ne sont pas clairement déterminés. Toutefois, les facteurs suivants, qui sont d'ordre alimentaire et environnemental, ont été identifiés.

Le cancer de la prostate est plus fréquent dans les pays où l'on consomme beaucoup de gras animal; il est moins fréquent parmi les populations qui ont une alimentation moins riche en gras. La diète pourrait donc jouer un rôle dans la prévention de ce cancer, mais la diète idéale demeure inconnue.

L'ensoleillement est un autre facteur à considérer. En effet, il semble y avoir un plus haut taux de cancer de la prostate mortel dans les régions moins ensoleillées. Par exemple, les pays scandinaves ou le Canada ont un très haut taux de cancer de la prostate, contrairement à des pays situés plus au sud de l'hémisphère, tels que l'Italie ou la Grèce.

Il se peut que la déficience en vitamine D (La vitamine D est produite par l'exposition au soleil.) contribue à ces statistiques, ainsi que les habitudes alimentaires, comme la consommation d'éléments potentiellement protecteurs tels que l'huile d'olive et les tomates.

COMMENT PEUT-ON LE DÉTECTER?

Si l'on veut détecter le plus tôt possible un cancer de la prostate, le médecin effectue un toucher rectal et des tests sanguins (test de APS ou PSA), et ce, dès 40 ans s'il y a des antécédents.

Le test de l'APS (antigène prostatique spécifique) aide à déceler plus de cancers, dont possiblement certains cancers qui n'ont pas besoin d'être traités.

« On procède donc à un dépistage intelligent, explique le Dr Saad. On identifie une population dans les groupes d'âge qui risquent d'être affectés et, une fois le diagnostic fait, on ne traite pas tous les patients de la même façon. Les données le démontrent  :  au  CHUM,  plus  de  la  moitié  des patients diagnostiqués avec un cancer non agressif ne seront pas traités, mais plutôt suivis, car le cancer peut évoluer. À l'inverse, un cancer agressif devrait être traité rapidement pour éviter la progression ou qu'il se répande. On peut donc faire du dépistage sans traiter tous les hommes qui reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate. »

L'implantation de grains radioactifs dans la prostate (aussi appelé curiethérapie de la  prostate  ou brachythérapie) est l'un des traitements offerts par le CHUM aux patients ayant reçu un diagnostic de cancer de la prostate de stade précoce.

COMMENT ÉVITER UN CANCER

DE LA PROSTATE?

On ne peut pas l'éviter. Toutefois, il faut savoir qu'il se vend environ un milliard de dollars de produits naturels pour préserver ou améliorer la santé de la prostate, mais rien n'a été prouvé scientifiquement. Dans certains cas, il a même été démontré que cer-tains produits pris en supplément, tels que la vitamine E ou le sélénium, vont plutôt augmenter le risque d'avoir un cancer de la prostate.

Une diète équilibrée jumelée à une pratique régulière d'exercices est vivement recommandée; à ce jour, les études suggèrent que ce qui est bon pour le c?ur est bon pour la prostate!

Il demeure qu'un examen annuel, le test de l'APS et le toucher rectal, vers 50 ans (s'il n'y a pas d'antécédents familiaux) sont essentiels afin de détecter un cancer avant qu'il ne soit trop tard.

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PUIS-JE GUÉRIR?

Lorsque le cancer est traité à ses débuts (lors des deux premiers stades), les probabilités de guérison sont excellentes.

La majorité des patients vont être guéris ou n'auront pas besoin d`être traités; d'autres n'ont aucune chance de guérison, mais vont vivre encore plusieurs années grâce aux traitements qui leur seront administrés.

« Ce ne sont pas tous les cancers qui vont amener de la morbidité, fait remarquer le Dr Saad. Puisqu'ils risquent d'évoluer lentement, ils ne seront pas traités sauf si on remarque une progression.

Malheureusement les moyens de prédire si un cancer évoluera rapidement ou non sont encore très limités. Découvrir des biomarqueurs qui aideront les médecins et les patients à prendre la meilleure décision au moment du diagnostic est un volet important de nos travaux de recherche au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM). »

« On estime qu'il y a 25 000 nouveaux cas par année au Canada. Environ 4 000 décès surviennent annuellement, dont le quart au Québec. Le CHUM traite le plus grand nombre de  cancers avancés dans la province, ce qui en fait le plus grand centre en cancer de la prostate en termes de diagnostic et de traitement. »

LES TRAITEMENTS ACTUELS

En général, le traitement donné au patient dépend du stade auquel est diagnostiqué le cancer. Pour un cancer qui est à un stade précoce, le médecin pourra privilégier une des alternatives suivantes.

Si le cancer est plus agressif, le patient pourra faire une radiothérapie combinée à une prise d'hormones, ce qui aura pour effet de réduire le risque de récidive et de vivre plus longtemps. Le médecin pourra aussi choisir d'opérer le patient de façon plus étendue et d'ajouter de la radiothérapie par la suite selon le besoin.

Dans le cas d'un cancer répandu (dans les os ou ailleurs), on ne traite généralement plus la prostate. La priorité devient les métastases dont on veut freiner la progression. Généralement on donnera des traitements à base d'hormones pour éliminer la testostérone qui nourrit le cancer; ceci se fait d'habitude à l'aide d'injections à tous les trois à six mois, ou on pourra aussi enlever les testicules qui sont la source de production de testostérone.

Depuis quelques mois, si un patient est diagnostiqué avec beaucoup de métastases, on lui donne une chimiothérapie combinée aux hormones. À ce stade avancé du cancer, la moyenne des patients vit environ trois ans, mais plusieurs peuvent vivre plus de cinq ans avec l'aide des nouveaux traitements.

Au cours des cinq dernières années, six nouveaux médicaments se sont ajoutés à la chimiothérapie afin d'augmenter l'espérance et la qualité de vie des patients. Le CHUM a été un leader dans presque toutes ces découvertes.

Ces médicaments se répartissent en trois catégories : chimiothérapie, nouvelle génération d'hormones et des thérapies qui ciblent les os. Le plus récent médicament est une forme de radiothérapie intraveineuse pour les métastases, le radium 223, et sera bientôt disponible; le CHUM est le seul centre hospitalier au Québec qui le donne actuellement.

Ainsi, la recherche sur le cancer de la prostate se poursuit : on combine des traitements et on développe de nouveaux vaccins afin d'améliorer la survie et la qualité de vie des patients. Les chercheurs tentent également de mieux prévoir l'évolution de la maladie.

Avant 2010, l'investissement dans la recherche sur le cancer de la prostate était plutôt rare. C'est d'ailleurs le CRCHUM qui a reçu, il y a environ trois ans, une somme de 5 millions $, le plus gros octroi accordé au Canada pour trouver des biomarqueurs en cancer de la prostate. Grâce à la renommée de la recherche sur le cancer de la prostate au CHUM, deux jeunes chercheurs du CRCHUM ont récemment obtenu des subventions totalisant environ 650 000 $ pour effectuer des recherches sur ce cancer. Très bientôt, le CRCHUM codirigera le développement d'un nouveau vaccin contre le cancer de la prostate avec des équipes de recherche ontariennes grâce à un octroi de 5 millions $ qui vient d'être accordé.

 

De nos jours, la population est plus sensibilisée au cancer de la prostate : on réalise que les hommes vivent plus vieux, et sont ainsi plus susceptibles d'être touchés par ce type de cancer. Grâce aux avancées en recherche, il est désormais possible d'envisager une meilleure qualité de vie pour les patients.


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