S'attaquer au Clostridium difficile


Gagnant ex equo du PRIX HIPPOCRATE 2016

Tout le monde a encore en mémoire la terrible épidémie de clostridium difficile (C. difficile) qui avait infecté des milliers de personnes et causé plus de 1000 décès au plus fort de l'éclosion de la bactérie, il y a une douzaine d'années. Le Centre hospitalier Pierre-Le Gardeur (CHPLG) a réussi à pratiquement l'éradiquer alors que la majorité des hôpitaux du Québec sont encore aux prises avec ce fléau

Le microbiologiste Pierre-Jean Maziade fait front aux infections nosocomiales, en partenariat avec le chef pharmacien, Marc Vallée, l'infirmière au département de préventions des infections, Julie Lévesque, la nutritionniste, Pascale Pereira, et le président-directeur général du CISSS Lanaudière, Daniel Castonguay.

« C'est inacceptable qu'un patient entre à l'hôpital et en sorte plus malade ou pire, meure, s'indigne- t-il. Il y a des moyens concrets et simples pour prévenir et régler les infections de C. difficile. Actuellement, le taux d'occupation élevé des lits empêche un nettoyage optimal. Les lits sont dans les corridors, la clientèle comprend de plus en plus de patients âgés en perte de mobilité, sans parler du partage des douches et des salles de bains. Être à l'hôpital est une forme de camping sauvage, c'est difficile d'avoir une hygiène adéquate. »

Avec l'appui de la direction, le spécialiste a collaboré avec différents départements pour instaurer des mesures préventives.

Il est établi que le lavage des mains joue un rôle crucial comme barrière de transmissions des infections. Malgré la sensibilisation, il est difficile de contrôler l'application de cette consigne par le personnel soignant. Il y a toujours un pourcentage significatif qui n'y adhère pas.

Et si la solution passait par les patients? Le CHPLG a renforcé les mesures d'hygiène déjà en place en intégrant des lavages de main quotidiens à tous les patients par les préposés avec un gel antiseptique. 4000 litres de liquide et quatre millions de lavage de mains par année sont une riposte majeure contre les infections nosocomiales. En prime, le contact humain offre des bénéfices psychologiques.

LA RÉVOLUTION DES PROBIOTIQUES

La nutritionniste Pascale Peirera, en collaboration avec le département pharmaceutique et des infirmières, a intégré l'utilisation de probiotiques aux mesures hygiéniques. Tous les patients hospitalisés pour une infection bactérienne reçoivent un probiotique contenant 50 milliards de lactobacilles deux heures après la prise de leur médication.

« Cette innovation était questionnée à l'époque, rappelle le Dr Maziade. Des études scientifiques ont démontré que le probiotique empêche la toxine de faire ses méfaits en protégeant l'intestin et détruit le C. difficile. Annuellement, on l'admi- nistre à 5000 patients. L'efficacité est prouvée. »

GUERRE AUX ANTIBIOTIQUES

Les antibiotiques influencent les niveaux normaux de bactéries dans les intestins, en plus de créer une résistance aux traitements; une porte au développement de l'infection C. difficile. Le spécialiste des maladies infectieuses et le médecin traitant sont en relation. Tous les dossiers des patients sont révisés par un microbiologiste afin d'assurer le contrôle approprié des antibiotiques et viser une réduction de ses utilisations.

Au CHPLG, l'usage d'antibiotiques a chuté de 50 %. Il dépense seulement le tiers du budget des antibiotiques d'un hôpital semblable. 35 à 50 interventions par semaine sont traitées via le programme d'antibiogouvernance, mais la majorité des médecins ont dorénavant le réflexe d'en diminuer la prescription.

« Pour la réussite d'un tel projet interdisciplinaire, le soutien de la direction est essentiel, souligne le microbiologiste. Outre le support financier, il faut être chapeauté au niveau administratif et logistique et s'entourer de visionnaires. Les changements sont acceptés car tous ont comme priorité la sécurité des patients. Il faut demeurer à l'affût pour assurer la pérennité des mesures préventives. Lorsqu'il n'y a plus d'infections significatives, les gens ont tendance à oublier de les mettre en pratique. Une implication constante est requise. » Selon lui, le combat envers le C. difficile permet au centre hospitalier des économies annuelles entre six et dix millions de dollars. La surveillance multi- disciplinaire outrepasse cette bactérie. Avec ce projet, le CHPGL est sensibilisé à d'autres infections (par exemple : Sram, pulmonaire, urinaire, sanguine…).

  • Le contrôle du C.difficile taux d'incidence pas 10 000 jours-présence
  • Au CHPGL 0.81
  • Hôpital similaire QC 7.80
  • Hôpital similaire USA 10.15
  • En Épidémie 18.00
  • Avec un taux d'occupation de 140 % et 18 000 admissions, le CHPGL a seulement eu 18 cas d'infections nosocomiales l'an dernier, un phénomène quasiinexistant! Si l'on recule seulement d'une douzaine d'années, il y avait 260 cas, avec un taux d'occupation moins élevé.

    Plusieurs hôpitaux nord-américains ont pris exem- ple sur la réussite du CHPGL. « Il est clair que si d'autres hôpitaux mettaient en place des procé- dures similaires, il y a de fortes chances qu'ils atteindraient les mêmes résultats, soutient Dr Maziade. Nous sommes plus de 200 microbiologistes au Québec, il faut nous utiliser dans la prévention des infections. Évidemment, l'ajout de lits est un moyen supplémentaire pour limiter les éclosions. »


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